MOROCCO: The Power of a Name

Version française après les photos

When we traveled through Sri Lanka using local transportation with Sévane and Aved, after Nechan and Getsy’s (all nieces and nephews) fabulous three-day wedding, we learned an important lesson: once you reach a point when it is right to do so, asking someone their name opens the door to new levels of intimacy and sharing. That was true of Amil, our tuktuk driver who after many hours spent visiting an Ancient City’s ruins, took us to his home.

For almost a week now, we have been living with Mohammed and his family, in a tiny village of Morocco’s High Atlas. We hadn’t been there an hour that I figured out a way to be allowed into the family quarters. It took a little courage but I had to do it. After that, every day I spent time with the women in the kitchen. And Grandpa. Gesture language or simply silence and smiles. At night Mohammed, his wife Zara, her brother Abdullah, her sons Samir and Hassan come downstairs and we gather around the TV under heavy blankets. Soccer intertwined with horror movies. We talk, play with our iPhones, follow the game (or not!). I help Mohammed with his new website design. We fall asleep one by one but nobody leaves the room until late. It feels just like home, with Barbara and Quincy. The show is always secondary, the time together isn’t.

Today I ask/gesture to Grandpa if I can do his portrait. I take his smile as a yes and I start. When I’m done, he holds my sketch a long time with an air of satisfaction and passes my sketch book around. That’s when Grandma — whom I hadn’t met formally yet — in her pink robe with a huge irresistible smile gestures for me to draw her. She is joking. I am not. Are you kidding? What an opportunity! Yes Yes Yes. She is beautiful: she radiates kindness light and happiness. All that looking at each other in the eyes so I can catch her expression bonds us. When I’m done, I feel close enough to ask her name: Touda, Mohammed’s mother. This is my sister Mari. Here comes the tricky question Can Mike take our photo? My experience in Muslim countries is that most women often don’t want to be photographed. Touda surprises me with a big emphatic yes! Soon, Mari jumps in. Then Hasna, Touda’s daughter. Zara and the boys arrive and everybody wants in. I am happy beyond imagination: me who hardly ever dare ask permission to take photos. Hassan builds a makeshift tripod so Mike can be IN the photo too.

After dinner for the first time, Grandma Touda and Hasna join us in the TV room. Tonight things feel very different: we’ve reached a new level of connection. Touda just keeps smiling until she falls asleep. From that moment on, Zara, Touda and Mari would grab my hand, kiss it and offer theirs in return or simply take me in their arms.

I can think of countless times when asking someone their name at a particular moment, completely changed the nature of our connection. In Fez I met a kid who refused to tell me his name. After I asked him three times, I realized it’s not that he didn’t understand me, he wanted to keep a distance

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WIth Grandma Touda and her sister Mari

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Back row L to R: Mari, Hasna, Touda, me, Zara

Front row L to R: Hassan, Mustafa, Abdullah, Mike, Samir

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Me with Grandpa Mohammed and Mohammed

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Hiking to the Marabout with Abdullah and Samir

Hiking to the Marabout with Abdullah and Samir

 LE MAROC: LA PUISSANCE D’UN NOM

Quand nous avons traversé le Sri Lanka avec Sévane et Aved, après le fabuleux mariage de Nechan et de Getsy (quatre de mes nièces et neveux), j’ai appris une leçon importante: si on choisit le bon moment, demander à quelqu'un son nom ouvre la porte à un nouveau niveau d’intimité et de partage. Ce fut le cas d’Amil, notre chauffeur de tuktuk qui, après de nombreuses heures passées ensemble à visiter les ruines d’une ancienne ville, nous a emmenés chez lui.

Depuis près d’une semaine, nous vivons avec Mohammed et sa famille dans un minuscule village de la Vallée Heureuse. Nous étions là à peine une heure que j’ai trouvé un moyen de pénétrer dans les quartiers familiaux. Ça m’a pris un peu de courage mais c’était important de le faire. Chaque jour, je passe du temps avec les femmes dans la cuisine. Et Grand-papa Mohammed. On communique par les gestes ou simplement le silence et les sourires. Le soir, Mohammed, Zara, son frère Abdullah, ses fils Samir et Hassan descendent et nous nous rassemblons sous d’énormes couvertures dans le salon autour de la télé. Football entrecoupé de films d'horreur. On joue avec nos iPhones, on parle, moi j’aide Mohammed avec son nouveau site internet. Nous nous endormons tous un à un au salon, mais personne ne quitte la pièce avant une heure tardive. Je me sens chez moi: je regarde la télé avec Barbara et Quincy non pas parce que j'aime ça, mais parce que ce moment passé ensemble est tellement fort.

Aujourd’hui je demande à Grand-papa si je peux faire son portrait. J’interprète son sourire comme un oui. Génial. Grand-papa passe un long moment à regarder mon travail fini d’un air satisfait, et le carnet de croquis passe de main en main. C’est là que Grand-maman — que je n’avais pas encore rencontrée «formellement », dans sa robe de chambre rose, avec un sourire irrésistible, me fait signe de la dessiner. Elle plaisante. Moi pas. Tu rigoles? quelle opportunité! Oui oui et oui. Elle est belle: elle dégage de la gentillesse, de la lumière et du bonheur. Se regarder longtemps dans les yeux pour que je chope son expression nous unit. Quand j’ai fini, je sens que je peux lui demander son nom: Touda. Je suis la mère de Mohammed. Et cette dame? Ma soeur Mari. Elle habite ici depuis qu'elle a perdu son mari. Alors vient la question fatidique: Mike peut-il prendre une photo? Mon expérience dans les pays musulmans est que la plupart des femmes ne veulent pas être photographiées. Touda me surprend avec un grand oui catégorique! En fait, je suis SI surprise que je pense qu’elle n’a peut-être pas compris et je le répète avec des gestes différents. Elle a très bien compris. Après deux ou trois clics de la caméra, Mari se joint à nous avec enthousiasme. Ensuite, c'est Hasna. Je ne peux pas y croire: je suis heureuse au-delà de toute imagination. Moi qui suis toujours si timide pour prendre des photos et qui ose à peine demander la permission. Zara et les garçons arrivent et tout le monde veut participer. Ils empilent quelques tabourets pour un trépied de fortune afin que Mike puisse également être avec.

Un peu plus tard, nous nous réunissons tous dans le salon et pour la première fois, grand-maman Touda et Hasna nous rejoignent. Ce soir tout semble différent: il y a une sorte d’électricité dans la pièce. Tout sourire, Touda me fait penser à un enfant qui est en train de faire une espièglerie.

Je peux penser à d'innombrables fois quand demander à quelqu'un leur nom a complètement changé la nature de notre connexion. À Fès, j'ai rencontré un enfant qui a refusé de me dire son nom. Après lui avoir posé la question trois fois, je me suis rendu compte que ce n’était pas qu’il ne me comprenait pas, il voulait garder la distance.